Après des mois voire des années de travaux et de tâtonnements, vous venez de mettre au point un produit ou un procédé innovant pour l’agriculture. Tout en postulant bien entendu au concours Agrinove , vous vous posez une question cruciale : comment tester mon innovation ? Cet article vous donne des pistes de réponse, à adapter bien sûr à votre situation personnelle.
Trouver des agriculteurs intéressés par votre projet innovant
Première solution, la plus évidente : un partenariat avec un ou plusieurs agriculteurs qui s’engage(nt) à tester votre produit pendant une saison. Il s’agit d’une solution relativement simple à mettre en œuvre, mais qui vous demandera un suivi régulier afin que l’utilisation et l’évaluation réalisées correspondent au maximum à vos attentes. Vos préconisations gagneront à être précisées au sein d’une convention bipartite qui définira les droits et obligations des deux parties. Cependant, malgré ces précautions, le bénéfice externe que vous pourrez tirer de ce partenariat reste faible, car seules votre parole et celle de l’agriculteur concerné plaideront pour votre innovation et ce témoignage, même positif, aura sans doute une portée mesurée. Vous y gagnerez en revanche l’assurance de la qualité et du bon fonctionnement de votre produit ou procédé, sans oublier un précieux « retour utilisateur ».
S’appuyer sur un solide partenariat
Les limites énoncées ci-dessus peuvent vous conduire à privilégier un partenaire ou organisme offrant plus de visibilité et disposant d’un plus large réseau. Nous pensons ici aux lycées agricoles, aux CUMA1 et autres coopératives, aux chambres d’agriculture ou autres organismes disposant de techniciens confirmés, de parcelles agricoles et regroupant plusieurs membres ou salariés. Les entreprises accueillies à Agrinove se tournent ainsi fréquemment vers le lycée agricole départemental, que ce soit pour lancer une culture expérimental de houblon (Hopen à Sainte-Livrade-sur-Lot en 2019) ou plus récemment pour tester l’adaptabilité de plants de genévrier au contexte pédo-climatique du Lot-et-Garonne (distillerie Du Grand Nez, Nérac, 2021). En d’autres occasions, c’est avec le Conservatoire Végétal Régional d’Aquitaine que nous avons travaillé pour expérimenter des solutions naturelles visant à stimuler la production de fraises (Montesquieu, 2013-2015). A votre tour, pourquoi ne pas regarder dans votre environnement proche si de tels partenaires existent et pourraient tester votre innovation ? Cela ne vous dispensera pas, bien au contraire, de rédiger un accord bipartite avec les mêmes précautions que précédemment, a fortiori si un financement est obtenu pour mener ces essais en plein champ.
Mettre sur pied un protocole rigoureux
Enfin, il peut être nécessaire de disposer d’une expérimentation apportant des garanties supplémentaires, de par la qualité de l’organisme certificateur ou l’agrément qu’il possède. En la matière, l’INRAE2 est assurément un interlocuteur de choix, mais vous pouvez également vous tourner vers le CTIFL3, INVENIO, ou d’autres centres techniques rompus aux protocoles d’essais agronomiques. Dans ce domaine en effet, le dispositif expérimental doit s’attacher à réduire la marge d’erreur à un niveau acceptable (de l’ordre de 5% environ) et à définir précisément les objectifs poursuivis, les parcelles dédiées, la durée de l’essai, les mesures qui seront réalisées (pluviométrie, rendement, hauteur de pousse, etc.) et les comparatifs qui seront faits. C’est ainsi qu’on teste souvent un nouveau produit sur plusieurs emplacements d’une même parcelle, par comparaison avec un produit déjà connu appliqué plusieurs fois à proximité et enfin avec l’absence de produits sur d’autres surfaces voisines, le tout implanté de manière aléatoire. Signalons que les structures disposant de l’agrément BPE (Bonnes Pratiques d’Expérimentation), utilisé dans le domaine des phytosanitaires, connaissent bien ces protocoles et peuvent les appliquer pour d’autres produits.
Plus spécifiquement, en matière de machinisme agricole, l’expérimentation visera surtout à finaliser la mise au point du procédé technique élaboré d’abord sur plans puis sur machines. Cela nécessite souvent beaucoup d’allers-retours entre l’atelier et le champ, ce qui vous amènera par prudence à privilégier la proximité !
Anticiper et s’adapter pour ne pas perdre une année
Dernière précision, tellement évidente qu’on peut l’oublier, surtout si l’on n’est pas originaire du monde rural : la plupart des produits agricoles ont une saisonnalité limitée et qui ne se répète qu’une fois l’an ! Contrairement à un test industriel ou agro-alimentaire donc, tester un produit en plein champ oblige de s’adapter aux rythmes des cultures sans parler des conditions météorologiques. Certes, les serres et abris agricoles permettent d’étendre les saisons, mais suivant votre innovation, il sera sans doute difficile de ne pas tenir compte de ces paramètres naturels. Comme souvent, l’anticipation et l’adaptation seront vos meilleurs alliés.
Agrinove dispose de nombreux contacts avec les partenaires évoqués dans cet article et peut vous accompagner en matière de mise au point de tests. N’hésitez donc pas à nous contacter pour soumettre votre innovation agricole à notre banc d’essais !!!
1CUMA : Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole.
2 INRAE : Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement
3 CTIFL : Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes