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Agriculture urbaine : cultiver une ville plus durable

L’agriculture urbaine est une forme d’agriculture qui ne laisse pas indifférent. Pour certains, ce type d’agriculture est un gadget, pour d’autres elle est complémentaire aux autres formes d’agriculture et un véritable outil dans l’évolution des villes de demain. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est créative et innovante. 

Ainsi, chaque année deux à trois projets en lien avec l’agriculture urbaine sont présentés au concours de l’innovation, organisé par AGRINOVE.

Image d'un potager en ville

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine (1)

La notion d’agriculture urbaine apparaît dans les années 1960, avec notamment un questionnement sur l’agrandissement des villes qui empiète sur les terres agricoles. Depuis, l’approche scientifique n’a cessé d’évoluer rendant difficile de définir simplement l’agriculture urbaine, car cette dernière est multiforme. 

La plus simple définition, donnée par la FAO, fait référence à un acte de production se déroulant sur des terres et autres espaces au sein des villes et des régions environnantes. D’autres, plus complexes, intègrent la destination urbaine des produits ou l’insertion de cette agriculture dans l’écosystème économique et environnemental urbain. Toutes reconnaissent une diversité des agricultures urbaines avec des objectifs différents, dépendant de la ville concernée et des acteurs à l’origine du projet. L’agriculture urbaine à Paris n’est pas celle d’une agglomération comme Agen. 

Pour les scientifiques il faut s’intéresser à l’agriculture urbaine, pour la préservation de l’agriculture et des terres agricoles (en 2030, les urbains représenteront 60 % des habitants de la planète) et pour avoir des villes vivables. Sécurité alimentaire et climatique, santé publique et stabilité sociale sont autant de points de vulnérabilité des villes.

Les enjeux politiques et sociétaux de l’agriculture urbaine (2)

Pour Pierre Aubignac, président de l’AFAUP (Association Française d’Agriculture Urbaine Professionnelle), l’agriculture urbaine n’a pas vocation à nourrir à elle seule les villes françaises. Au-delà de son aspect nourricier, son intérêt est environnemental, notamment dans la perspective d’un réchauffement climatique, et social (éducation, lien social, lien entre urbain et agriculture…). Pierre Aubignac précise que les structures sont de très petites tailles et que pour beaucoup, il est nécessaire de compléter les revenus de la production par d’autres activités (formations, animation…).

Les collectivités territoriales peuvent être à l’origine de projets d’agriculture urbaine. Ainsi le Grand Projet des Villes Rive Droite (Bassens, Lormont, Cenon et Floirac), a pour objectif de mettre en œuvre un projet de développement durable du territoire, socialement responsable. Différentes actions sont engagées : accompagnement de potagers collectifs, installation de maraîcher sur des fonciers mis à disposition ou encore pâturage de brebis sur le parc du coteau. 

Ces différentes actions se font dans le cadre d’un Projet Alimentaire Territoriale (PAT). L’objectif des PAT est de relocaliser l’agriculture et l’alimentation dans les territoires en soutenant l’installation d’agriculteurs, les circuits courts ou les produits locaux dans les cantines. 

L’Agglomération d’Agen a la volonté de relancer le projet de PAT, avec notamment le soutien financier pour des agriculteurs en périphérie d’Agen. Cette démarche offre de nombreux intérêts : 

  • Renforcer l’approvisionnement local
  • rapprocher les agriculteurs des consommateurs
  • travailler sur la qualité des produits
  • approvisionner la cuisine centrale… 

L’autre aspect de ce projet est environnemental, avec une réflexion sur le fléchage des terres inondables, non constructibles, en terre agricole. 

 

L’innovation dans tous les sens : retour d’expérience de l’agriculture urbaine (3)

Le projet Aquacosy, situé sur l’agglomération de Montauban, est une ferme hydroponique en attendant de faire de l’aquaponie. La clientèle est locale, notamment la restauration montalbanaise. Pierre Aubignac, co-fondateur, précise que pour la viabilité économique du projet, ils ont développé une activité de bureau d’étude sur les thématiques de l’hydroponie, l’aquaponie, la bioponie et l’aéroponie. Il insiste sur le soutien de la ville de Montauban (financement) au début du projet.

Julie Mennesson, exploitante agricole à La Champignonne, cultive des champignons (Pleurotes et shiitakés) au sein de l’agglomération de Bordeaux, dans un ancien blockhaus de la seconde guerre mondiale. Au-delà d’une production locale, le projet s’inscrit également dans la réhabilitation de bâtiments qui font maintenant partie du patrimoine historique de la ville. Julie Menesson est représentante de nombreux porteurs de projets en agriculture urbaine, puisqu’elle était cadre commerciale avant cette reconversion professionnelle. Après deux années d’exploitation, elle ne peut pas se payer de salaire, mais le développement de la clientèle, l’élargissement de sa production et le développement d’activités complémentaires (visite, formation…) lui permettent d’être optimiste.

Les deux porteurs de projets soulignent la difficulté de trouver des financements auprès des organismes bancaires qui n’ont aucune référence économique de ce type d’activité.

La société Cueillette Urbaine, basée à Paris depuis 2016 et comptant 8 salariés propose trois offres qui ont pour cible les entreprises : fermes urbaines productives (Conception, réalisation, éventuellement exploitation), aménagement de potager partagé d’entreprise et l’organisation d’atelier autour de l’agriculture (création de lien social). A noter que de nombreux projets se trouvent sur les toits des entreprises de la région parisienne. Le modèle économique de l’entreprise est trouvé mais ne repose pas sur la production qui représente une faible part du chiffre d’affaires.

A travers ces trois exemples, on peut constater que les projets vont bien au-delà de la production agricole classique. Les projets d’agriculture urbaine ont d’autres objectifs.

 

En conclusion on pourrait citer (4) monsieur Christophe CAPY (CTBE 47), lauréat de la dernière édition du concours Agrinove pour son projet de recyclage des sacs de substrat utilisés en production hors-sol, également exploitant agricole. Pour ce dernier, toutes les formes d’agricultures sont complémentaires et une meilleure communication entre elles serait bénéfique à tous. D’autre part, il pense que l’agriculture urbaine peut être un levier de communication auprès des citadins à propos de l’agriculture en général. 

 

(1) Propos tenus par Isabelle Duvernoy, chargée de recherche INRAE en géographie (UMR AGIR Toulouse) lors d’AGRINOVEMBRE 2023

(2) Propos tenus lors de la première table ronde d’AGRINOVEMBRE 2023

(3) Propos tenus lors de la première table ronde d’AGRINOVEMBRE 2023

(4) Propos tenus lors d’AGRINOVEMBRE 2023