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Que faut-il penser de l’agrivoltaïsme ?

Si les agriculteurs ont été nombreux ces vingt dernières années à équiper les toitures de leurs bâtiments agricoles avec des panneaux photovoltaïques, la tendance actuelle à l’agrivoltaïsme pose d’autres questions, dont la plus cruciale réside bien sûr dans l’équilibre fragile à assurer entre activité agricole et production électrique… 

fraises hors-sol sous serre partiellement recouverte de panneaux photovoltaÏques

Agrivoltaïsme : la grande tendance agricole

Depuis quelques mois, l’agrivoltaïsme est ainsi devenu un thème à la mode : encadré par la Loi du 10 mars dernier relative à l’Accélération de la Production d’Energies Renouvelables (Loi « APER » dont on attend toujours les décrets d’application…), ce sujet a fait l’objet des derniers « Etats Généraux de l’Innovation » qui se sont déroulés le 16 mai 2023 à Bordeaux durant le salon de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine. La veille, au même endroit, une étudiante du Centre de Formation des Journalistes remportait le premier prix « Joël Aubert » (du nom de l’ancien rédacteur en chef de Sud-Ouest et fondateur d’Aqui.fr, décédé en 2021), grâce à un article consacré à… l’agrivoltaïsme !

Face à ce mini déferlement médiatique, commençons par préciser de quoi nous parlons. D’après le site Internet www.edfenr.com, le photovoltaïsme désigne « une technologie permettant de convertir l’énergie solaire en énergie électrique par l’intermédiaire de cellules photovoltaïques » (comme on en voit, sous forme de panneaux, sur de nombreux toits voire plus rarement au sol…).  Dans ce cas, l’agrivoltaïsme (que l’on devrait plutôt appeler l’agriphotovoltaïsme) s’appliquerait à la même technologie, si et seulement si elle permet dans le même temps et au même endroit d’exercer une activité agricole.

Photovoltaisme en agriculture, sujet de controverse

Or, c’est bien là que le bât blesse. Séduits par les sirènes de nombreux investisseurs souvent imprécis dans leurs offres commerciales voire dans leurs promesses de revenus, de nombreux agriculteurs ont déchanté ces dernières années devant les baisses de production significatives constatées sous l’ombrage des panneaux, avec des rendements moindres de 30% à 40% dans certains cas.

Pour encadrer cette pratique, la Loi APER pose dorénavant de nombreux principes : ainsi, une installation agrivoltaïque doit garantir à un agriculteur une production agricole significative et un revenu durable. Cette installation ne doit pas empêcher la production agricole d’être l’activité principale de la parcelle en question. Enfin, l’agrivoltaïsme doit apporter directement à l’exploitation concernée au moins l’un des quatre services suivants :

– amélioration du potentiel et de l’impact agronomique ;

– adaptation au changement climatique ;

– protection contre les aléas ;

– amélioration du bien-être animal.

Quel équilibre entre production électrique et activité agricole ?

Dans ce contexte, de nombreuses expérimentations sont actuellement menées, afin d’évaluer les conditions permettant de respecter les principes ci-dessus, en tenant compte de multiples paramètres : nature de la production agricole, localisation géographique, critères agronomiques voire pédoclimatiques, matériel agricole utilisé voire adapté à la nouvelle configuration de la parcelle (et à la structure supportant les panneaux photovoltaïques notamment), sans oublier bien sûr la configuration de ces structures proprement dites. L’INRAE a ainsi recensé 27 types d’installations agrivoltaïques, selon qu’elles fassent appel ou non à des technologies numériques (permettant par exemple de s’adapter à la climatologie en temps réel), ou encore qu’elles soient entièrement ou partiellement couvrantes, etc.

Sise à proximité de Mont-de-Marsan, la technopole Agrolandes a récemment mis en place un site d’essai d’un hectare permettant un programme de recherche et de suivi, tant sur l’aspect agronomique que sur l’impact environnemental et la production énergétique. Ce projet ambitieux porté par le GIP Agrolandes bénéficie d’un soutien financier du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et du département des Landes, pour un investissement total estimé à 500 000 Euros.

A Sainte-Livrade (Lot-et-Garonne), l’Agrocampus 47 a réalisé un équipement comparable grâce à un contrat signé avec Reden Solar. S’il faudra attendre 20 ans pour que la Région, propriétaire du lycée agricole, puisse bénéficier de l’électricité produite sur place, l’autre objectif attendu est de redynamiser le maraîchage biologique de l’exploitation agricole… ce qui reste encore une équation difficile à résoudre !

Vers un agrivoltaïsme raisonné

Agrinove accompagne souvent des entrepreneurs qui désirent développer des projets agrivoltaïques. Notre position est somme toute conforme à la tendance exprimée par la Loi APER : pour ces projets, la production agricole, loin d’être marginale, doit rester l’activité principale de la parcelle concernée. Il convient parallèlement de rappeler que la priorité reste d’équiper les toitures lorsque cela est possible… raison pour laquelle notre pépinière d’entreprises sera prochainement recouverte à son tour de panneaux photovoltaïques !

Les deux fondateurs d'Ombrea, société d'agrivoltaisme
Les deux fondateurs d’Ombrea, société lauréate du concours Agrinove 2019.

Terminons par mentionner le 1er prix de notre concours « Innovations pour l’Agriculture », obtenu en 2019 par la Société Ombréa, grâce à son « ombrière intelligente ». Cette dernière permet de protéger et de sécuriser durablement les récoltes contre les phénomènes climatiques tels que la sécheresse, la grêle, les gelées ou encore les inondations. La Société Ombréa, en plein développement ces dernières années, a été fondée en 2016 par Julie Davico-Pahin et son père Christian Davico, lui-même horticulteur pendant 30 ans… Ceci explique sans doute que dans la conception de leur technologie, la production agricole n’ait pas été oubliée, loin s’en faut !