Dans un contexte agricole en profonde mutation, marqué par la nécessité d’accroître la productivité tout en répondant aux enjeux environnementaux, climatiques et sociétaux, l’innovation n’a jamais été aussi essentielle. C’est dans cette perspective que notre technopole a lancé, il y a plus de 10 ans, un concours dédié à l’innovation agricole.
Cet article présente une synthèse des projets les plus marquants, déposés lors de l’édition 2025, reflet de la diversité des sujets abordés et des technologies employées.
Le numérique, un levier pour une agriculture plus précise et responsable
Parmi l’ensemble des projets présentés cette année, nombreux sont ceux qui tirent parti des outils numériques pour innover. Qu’il s’agisse de plateforme numérique, d’outil d’aide à la décision ou de système d’analyse, ces innovations illustrent la place grandissante des technologies digitales dans le secteur agricole.
Dans cette partie, nous vous proposons de découvrir quelques exemples de projets numériques présentés à notre concours cette année.
Digitalisation, automatisation, IA : des outils au service du pilotage
- La société CLARNIE a développé une plateforme de mise en relation d’agriculteurs, à la recherche de main-d’œuvre, avec des étudiants de tous types de formations, pas spécifiquement agricoles. Au-delà du service apporté aux agriculteurs, la démarche a pour objectif de faire découvrir le milieu agricole à des jeunes non destinés initialement à travailler dans ce secteur. Le jury a souhaité mettre en valeur les deux jeunes porteuses de projet en leur décernant une citation.
- Dans le domaine des outils d’analyse, INLUX BIOTECH propose un système d’imagerie de précision au service du développement des biosolutions. Le procédé permet soit de tester l’efficacité d’un produit, soit son comportement au sein de la plante. Cet outil est une aide précieuse pour la Recherche & Développement sur les biosolutions, domaine en très forte évolution en agriculture.
- Le projet PestSpy de la société ENDATEV est un système d’identification et de comptabilisation des nuisibles (rats), connecté et autonome en énergie (batteries). Une caméra est capable d’identifier l’animal, localement, grâce à une base d’apprentissage des cibles et un microcontrôleur avec une extension IA (Intelligence Artificielle) intégrée.
- Enfin le projet Thomas vise à élaborer un outil numérique, conçu spécifiquement pour les maraîchers, afin de simplifier le suivi de leurs activités agricoles. Ce système repose sur l’utilisation de messages vocaux, traités par des modèles d’apprentissage de langage, pour la saisie des données.
L’intelligence artificielle au service de l’aide à la décision
L’Intelligence Artificielle est de plus en plus présente dans les projets agricoles et pour des applications très variées :
- On peut citer la plateforme innovante BioAtlas d’Every1Counts, qui réalise un diagnostic et un suivi précis de l’état des écosystèmes, mesurant l’impact des pratiques agricoles, pour accompagner les acteurs de la transition écologique.
- Boostaferme est une plateforme intégrant l’IA pour faciliter l’accès aux aides agricoles. La plateforme identifie les aides pertinentes en fonction des caractéristiques de l’exploitation, puis pré-remplit automatiquement les dossiers.
Sur la thématique de la gestion d’exploitation, on mentionnera également :
- le projet de la société 19.87, qui a pour objectif de créer des outils pour la gestion de données et du quotidien des exploitations agricoles. La technologie employée offre la possibilité d’adapter l’application à ses besoins et son contexte.
Les Outils d’Aide à la Décision (OAD) sont également présents. Deux projets les intègrent pour des usages très différents, l’optimisation de traitement et la reforestation :
- AG’Eau Vital développe des unités de préparation de l’eau pour l’optimisation de l’utilisation de produits phytosanitaires, notamment les biosolutions. Grâce à l’OAD, couplé à ces unités, l’utilisateur peut prendre la décision optimale lors des interventions de traitement. L’outil prend en compte les données pédoclimatiques et les données techniques des produits.
- La société Mycellium souhaite proposer un service de reforestation par drone. L’OAD sera utilisé pour trouver le meilleur mélange d’espèces correspondant parfaitement à la zone reforestée. Le choix se fera sur la base d’analyses météorologiques, topographiques, biologiques, écologiques et d’interactions entre les essences d’arbres.
Robotique et automatisation des tâches agricoles
Le numérique et la robotique étant étroitement liés, on n’oubliera pas de mentionner le tracteur électrique autonome de SOFTIROB et la gamme d’outils associés conçus pour automatiser et optimiser les tâches agricoles, depuis la préparation du sol jusqu’au semis et à l’entretien.
Élevage : innover dans le respect du bien-être animal
Parmi les dossiers reçus cette année, plusieurs projets se distinguent par leur approche de l’élevage, alliant performance et respect du bien-être animal.
- Chez les porcs mâles, la castration permet d’éviter l’odeur désagréable de la viande causée par les hormones testiculaires, la rendant ainsi propre à la consommation. Pour remplacer la castration physique, Bioaz, qui s’est vu décerner le premier prix de notre concours, a mis au point une immunothérapie en une injection indolore et sans risque pour l’utilisateur.
- Adapt2 s’intéresse aux courants invisibles, comme les champs électromagnétiques, qui peuvent stresser les animaux, réduire leur production et avoir un impact financier négatif sur les exploitations agricoles. Pour aider les éleveurs, démunis face à cette situation, la société propose des outils novateurs capables de détecter, identifier et résoudre ces problèmes électriques.
- Un autre problème abordé concerne les températures élevées au sein des bâtiments d’élevage de ruminants. Le projet de Far’Modern Technology consiste à développer un logiciel de prédiction de risque de stress thermique au sein de ces bâtiments d’élevage.
La valorisation des déchets : une ressource à part entière
La valorisation des déchets est une thématique qui est très souvent abordée par les candidats depuis la création du concours.
- Le projet Lucky Milk a pour ambition de réduire le gaspillage du lait bovin chez les producteurs et transformateurs laitiers en France. L’objectif est de collecter du lait bovin impropre à la consommation humaine et animale et de le transformer en poudre de caséine et dérivés. La caséine, protéine issue de la partie solide du lait, peut être utilisée dans différentes industries.
- La société Alteria élabore une approche scientifique et industrielle pour stabiliser les biodéchets et les transformer en fertilisant organique stabilisé et performant.
- Récompensé du troisième prix du concours, Octometha a candidaté avec une solution innovante de méthanisation en voie solide continue, également qualifiée de voie pâteuse, spécifiquement conçue pour valoriser les coproduits agricoles fibreux (pailles, fumiers, litières) peu adaptés aux technologies en voie liquide.
Agriculture urbaine : innovation au coeur des villes
L’agriculture urbaine, souvent déconsidérée, fait pourtant preuve de créativité et d’innovation. Nous nous en rendons compte à travers les nombreux projets présentés lors des éditions précédentes. Ce qui nous avait amené, en 2023, à consacrer notre forum AGRINOVEMBRE sur cette thématique. Cette année, deux dossiers sur ce thème ont été présentés.
- Le projet de franchise Néopousse vise à rapprocher production et consommation de micro-pousses, en implantant des fermes urbaines à proximité de la clientèle. Grâce à un partenariat avec le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), Neopouss a perfectionné ses modules de culture et élaboré un substrat multicouche innovant, offrant un avantage stratégique aux franchisés. Ces innovations ont été testées dans la ferme de l’entreprise, installée à Toulouse.
- Mené par un groupe d’étudiants entrepreneurs, faisant partie du réseau Pépite (Pôles Étudiants pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat), le projet AGRO a pour objet un kit d’agriculture urbaine intelligent, destiné aux particuliers. Ce projet illustre parfaitement la capacité des étudiants entrepreneurs à conjuguer études et projet entrepreneurial. Engagés et motivés, ces jeunes porteurs de projet arrivent souvent à concrétiser leurs idées en une véritable entreprise, contribuant ainsi activement à l’économie et à l’innovation. C’est le cas de la société CLARNIE, précédemment citée. Le projet AGRO est un exemple de projet d’étudiants entrepreneurs régulièrement proposés à notre concours, comme Hopen Terre de houblon en 2018 bien sûr !
Machinisme : innover sur le terrain, au plus proche du sol
Pour finir ce tour d’horizon, nous parlerons de mécanisation. Si le numérique capte aujourd’hui toute l’attention, le machinisme agricole, moins séduisant en apparence, reste pourtant une source majeure d’innovation. L’amélioration des techniques et la mécanisation de tâches encore manuelles répondent à des besoins concrets sur le terrain.
Ainsi, le jury a décerné le deuxième prix à la société FROMENT pour son RotoFrom destiné aux vergers. Grâce à un mécanisme innovant, cette machine permet une aération du sol sans le déstructurer. Le travail du sol effectué évite l’asphyxie des racines et le compactage causé par le passage répété des engins. Sans retourner la terre, cet outil limite l’érosion, favorise la pénétration des intrants et protège le système racinaire.
En conclusion, l’édition 2025 confirme, une fois de plus, la qualité et la diversité des projets présentés. Ces innovations témoignent du dynamisme et de la créativité qui animent le secteur agricole. Nous vous donnons rendez-vous lors de la prochaine édition pour découvrir de nouvelles idées prometteuses qui continueront à façonner l’agriculture de demain.
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✍️ Article rédigé par François PAOLINI, Chef de projets chez Agrinove
Depuis plus de 10 ans, Agrinove accompagne l’émergence des innovations agricoles en valorisant les solutions concrètes qui répondent aux défis climatiques, techniques et économiques du secteur.
Nos actions — concours, forums, accompagnement — sont pensées pour soutenir les porteurs de projet, favoriser les synergies, et préparer dès aujourd’hui l’agriculture de demain.