La remise des dotations aux 3 lauréats de la 10ème édition du concours Innovations pour l’Agriculture s’est tenue le 26 juin 2024. À cette occasion, nous avons souhaité mettre à l’honneur le premier prix de l’édition 2024, Jacques de Montigny et ses associés, pour leur projet Green Fusyon. Découvrez leur parcours et les détails de leur innovation.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Jacques de Montigny, étudiant à AgroParisTech en 2e année d’ingénieur agronome en biotechnologie et procédés et fondateur de Green Fusyon. En alternance depuis 2 ans chez Agronutris, un des leaders français en élevage d’insectes, je travaille sur le déploiement des technologies au niveau industriel. Il y a 1 an, j’ai lancé, en parallèle, le projet Green Fusyon qui se concentre sur la culture de la chlorelle, une micro-algue riche en protéines, en oméga 3 et 6 et en antioxydants. C’est un produit très intéressant pour la santé sur le plan nutritionnel.
Sur le projet Green Fusyon, nous sommes 3 associés. Emmanuel O. est diplômé des Mines de Paris en Master Biogaz et ingénieur, il traite la partie méthanisation et montage de projet. Stanislas Randon a 7 ans d’expérience dans un site nucléaire, et sur Green Fusyon, il est en charge de l’automatisation, la maintenance et la sécurité de notre process. De mon côté, je m’occupe de toute la partie bio conversion et du produit final, pour définir comment avec les coproduits de la méthanisation, on arrive à cultiver la chlorelle.
Expliquez-nous votre projet Green Fusyon et la solution que vous proposez ?
Aujourd’hui, la chlorelle est déjà présente sur le marché sous la forme de complément alimentaire, mais sa culture traditionnelle est coûteuse en termes d’énergie et de ressources.
Chez Green Fusyon, nous développons une solution nous permettant de produire de la chlorelle en utilisant les coproduits de l’industrie de la méthanisation, tels que le CO2 et le digestat liquide (engrais liquide) comme nutriments pour la cultiver. Ces coproduits sont très peu valorisés aujourd’hui, ce qui pose problème aux agriculteurs. A noter que plus de 700 méthaniseurs sont présents en France aujourd’hui et seulement 1% d’entre eux valorisent la totalité de leurs coproduits. C’est aussi un moyen pour donner aux agriculteurs une solution de revenu complémentaire.
Notre mission est de rendre la chlorelle plus accessible et abordable grâce à une production décentralisée à grande échelle et optimisée. En développant cette source de protéines alternative, nous visons à réduire la dépendance aux protéines végétales conventionnelles comme le soja, ainsi qu’aux protéines issues de l’élevage intensif. Cette approche permettra non seulement de diversifier l’offre en protéines sur le marché, mais aussi de réduire l’impact environnemental lié à la production.
Comment avez-vous entendu parler du concours Agrinove et qu’est-ce qui vous a amené à y participer ?
Grâce à mon école AgroParisTech, dans l’écosystème entrepreneurial, on nous a communiqué l’information sur le concours. Nous avons souhaité y participer, car notre projet se développe en partenariat avec les agriculteurs méthaniseurs. On leur apporte une solution sur la valorisation de leur coproduits, donc c’était important pour nous de se faire connaître et de faire valider notre technologie.
Est-ce que le concours Innovations pour l’Agriculture vous a aidé dans le développement de votre projet ?
C’est un peu tôt pour tirer des conclusions, mais le concours nous a apporté beaucoup de visibilité auprès des agriculteurs, qui savent que notre solution existe, c’est un réel gain de temps pour nous. Le concours a permis un grand coup d’accélérateur pour notre visibilité auprès des agriculteurs.
Quelles sont les prochaines étapes pour votre projet ?
Aujourd’hui, nous avons un prototype de photobioréacteur à échelle réduite pour tester le process.
Maintenant, on souhaite passer à l’échelle supérieure en créant un pilote industriel qui nous permettrait de produire de plus gros volumes. Pour en arriver là, on met en place des partenariats avec des chercheurs reconnus de centrales Supelec pour sélectionner une souche de chlorelle performante et des agriculteurs méthaniseurs pour tester notre solution sur différents sites de méthanisation et la faire valider à échelle pré-industrielle. Ces étapes devraient se confirmer à partir de septembre 2024.
Comment voyez-vous l’avenir de l’agriculture avec l’intégration de nouvelles technologies comme la vôtre ?
Ma vision de l’agriculture de demain est que les agriculteurs qui font de l’élevage puissent se concentrer sur la qualité de leurs produits ainsi que le bien-être animal et que les produits dits ‘vivants’ deviennent des produits qui soient valorisés pour leur qualité (en Appellation d’Origine Protégée par exemple).
En parallèle, la production de protéines en grande quantité devra s’appuyer sur des processus optimisés et des innovations qui s’éloignent de l’élevage intensif animalier.
Un des grands enjeux pour nourrir le monde de demain sera de repenser entièrement notre approche de la production de protéines, en développant des alternatives durables et éthiques à l’élevage intensif. Cette transformation implique l’adoption de nouvelles technologies et méthodes de production, ainsi que l’exploration de sources de protéines alternatives, telles que les protéines végétales locales.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Ce type de concours est toujours assez impressionnant surtout quand on est encore étudiant. Sur un concours ouvert à toutes générations, c’est vrai qu’on peut se retrouver en face d’autres personnes avec plus d’expérience, mais il ne faut pas hésiter et aller au bout de ses idées. C’est aussi un très bon moyen de donner un coup d’accélérateur à son projet.
J’ai été surpris qu’il y ait si peu d’étudiants parmi les participants, donc j’encourage vivement les étudiants à tenter d’y participer, d’autant plus que le concours Innovations pour l’Agriculture est un concours ouvert à tous.
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