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Peut-on parler (sérieusement) d’agriculture urbaine ?

On connaît la citation attribuée à Alphonse Allais : « on devrait construire les villes à la campagne, car l’air y est plus pur » ! On pourrait aujourd’hui presque inverser la boutade, en prônant d’installer l’agriculture dans les villes, tant les projets allant dans ce sens s’y multiplient… D’où la question que nous poserons lors de notre prochain forum : « peut-on parler (sérieusement) d’agriculture urbaine » ?!

Un jardin partagé en ville

 Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ?

Si l’expression peut faire figure d’oxymore, il n’en est rien. D’après la FAO, « l’agriculture urbaine et périurbaine consiste [simplement] à cultiver des plantes et à élever des animaux à l’intérieur et autour des villes ». Pourtant, cette définition minimaliste recouvre en réalité des pratiques très différentes et des objectifs qui le sont tout autant. Du jardin partagé inspiré des jardins ouvriers d’antan jusqu’aux fermes verticales « high tech », la palette est large, avec des caractéristiques différentes suivant les pays ou les publics concernés.

Dans un document daté de 2017, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie catégorise ainsi l’agriculture urbaine en trois sous-parties : 

  • professionnelle
  • non professionnelle 
  • et servicielle. 

L’agriculture urbaine « professionnelle » recouvre des finalités productives, portées par des structures majoritairement privées, pour des productions essentiellement végétales (fruits, légumes, algues…), commercialisées en circuits courts.

L’agriculture urbaine « non professionnelle » désigne pour sa part les fonctions environnementales, récréatives, ou sociales, qu’elles soient individuelles – jardins, balcons – et destinées principalement à une consommation personnelle, ou plus collectives, via par exemple des associations de quartier ou des structures d’insertion.

Enfin, dans cette sous-partie liée aux services, l’ADEME regroupe des usages paysagers (éco-pâturage par exemple), pédagogiques et écosystémiques. Ainsi, les fermes urbaines, au-delà d’un éventuel rôle productif, permettraient de réduire de multiples façons l’impact des changements climatiques.

 

Pourquoi parler d’agriculture urbaine ?

Si Agrinove a choisi cette année cette thématique pour son forum consacré à l’innovation agricole, c’est parce que l’agriculture urbaine, sans jamais faire le buzz, devient année après année une réalité incontournable. Face à une agriculture traditionnelle caractérisée par une augmentation des surfaces par ferme et une diminution importante du nombre d’exploitants agricoles, l’agriculture urbaine semble tirer son épingle du jeu. Ainsi, d’après l’INRAE, 14% des exploitations recensées en 2015 avaient leur siège dans un pôle urbain, 33% dans une couronne périurbaine. Au niveau mondial, la FAO estime que 5 à 10% des légumes sont cultivés en ville et 15 à 20% des aliments produits en environnement urbain.

Notre concours annuel n’échappe pas à ce phénomène. Chaque année, de nouveaux candidats nous présentent des projets citadins liés à l’aquaponie ou à l’hydroponie, à des fermes verticales, ou encore à de la permaculture. 

Il serait tentant de qualifier ces porteurs de projets de « bobos – écolos » et de n’en retenir que l’aspect le plus marginal. La réalité est toute autre : parce qu’elle est au cœur des préoccupations citoyennes, sociales, environnementales, urbanistiques, économiques et alimentaires de nombre de nos concitoyens, l’agriculture urbaine est appelée à tenir une place croissante dans nos sociétés. Il suffit, pour s’en convaincre, de se pencher sur les travaux de l’université de Lancaster (Royaume-Uni), basés sur 200 études menées dans 53 pays. « On y lit que, si l’agriculture urbaine est souvent davantage consommatrice d’énergie, elle affiche à conditions égales des rendements de deux à quatre fois supérieurs à l’agriculture conventionnelle, avec un record pour le concombre » !

 

Alors oui, on peut parler (sérieusement) d’agriculture urbaine et c’est ce que nous ferons le jeudi 16 novembre prochain à partir de 14h au lycée agricole de Nérac, à l’occasion de notre 9ème forum « Agrinovembre » !

Tous à Agrinovembre 2023 !