Joël Gorostidi, Président du cluster machinisme porté par Agrinove, vient de transmettre le flambeau à son successeur. Retour sur son parcours et la vision du cluster qui l’a animé toutes ces années.
Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis tout d’abord passé par un bac en gestion de production, à la suite duquel j’ai travaillé dix ans dans l’industrie. C’est en 1990 que j’ai rejoint le machinisme agricole en validant un BTS « Industrialisation des Produits Mécaniques » en VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). J’ai intégré alors Kirpy en qualité de chef d’équipe « usinage et prototypage », puis responsable production, directeur technique. J’ai ensuite effectué un master de gestion des entreprises avant de prendre la direction générale de la société Kirpy en 2010.
Pourriez-vous présenter l’entreprise Kirpy ?
Kirpy est une société spécialisée dans l’épierrage. Notre activité principale s’axe autour de la création d’outils permettant de retirer ou de modifier la structure des pierres, comme c’est le cas avec nos broyeurs de pierre. Jusqu’en 1995, la société travaillait exclusivement dans le domaine agricole, avant de se diversifier dans les travaux publics avec du matériel servant à la réalisation de routes, autoroutes et voies de chemin de fer (comme la LGV Paris – Bordeaux par exemple).
Aujourd’hui, la filière agricole représente encore 60% de notre activité. Nous fabriquons des broyeurs pour réduire la taille des pierres sur les parcelles, ce qui limite les casses et l’usure des matériels agricoles, tant pour la préparation du sol que pour les récoltes.
Nous avons également développé des machines à récolter le tabac que nous avons commercialisées pendant vingt ans en France, avant de les exporter il y a 5 ans vers les Etats-Unis pour la récolte de CBD. Nous avons aussi fabriqué des machines à récolter les asperges qui ont principalement été exportées vers l’Allemagne, la France préférant la récolte à la main pour conserver son IGP (Indication Géographique Protégée).
Kirpy emploie aujourd’hui une quarantaine de salariés avec un CA qui avoisine les 5 millions d’Euros.
Comment êtes-vous arrivé à la présidence du cluster machinisme et qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette aventure ?
J’ai fait partie des membres créateurs du cluster en 2013. Il est né sur les bases du CREMAN (Centre Régional d’Expérimentation en Machinisme Agricole de Nérac), qui apportait une aide technique aux TPE et PME.
Le cluster machinisme, c’est pour ses adhérents un lieu de rencontre, d’échange, de communication, de mutualisation des moyens et de savoirs, c’est cet esprit qui m’a poussé à m’impliquer davantage dans le cluster.
Que vous apporte votre adhésion au cluster machinisme ?
Pour moi et pour beaucoup, c’est l’occasion tous les deux mois de sortir la tête du guidon et de se rencontrer pour échanger. Cela permet de prendre du recul sur le quotidien et d’en faire l’analyse.
Je dirais que ces moments de rencontre et de communication sont constructifs pour nos entreprises. Je tiens particulièrement à cet état d’esprit, on ne vient pas au cluster pour savoir ce que fait le collègue ou concurrent et lui prendre ses idées, on vient avec une véritable envie de collaboration entre entreprises.
Aujourd’hui, les métiers du machinisme sont de plus en plus compliqués et le fait de se regrouper permet d’échanger du savoir et des moyens. Cela donne lieu à des projets en commun qui ne pourraient pas être menés seul au sein d’une même entreprise.
Un exemple de ce qu’apporte le Cluster, pendant l’épisode du Covid, nous avons fait beaucoup de réunions en visio pour communiquer sur nos situations pendant cette crise, sur les points juridiques, la législation et les problèmes rencontrés. Nous faisions un état des lieux régulier de la situation pour chaque entreprise. C’est rassurant de voir que nos problèmes sont aussi ceux des autres. Le fait d’échanger permet aussi de trouver des solutions qu’on ne trouverait pas tout seul.
Je me répète, c’est avant tout un lieu d’échange et de communication.
Comment le cluster aide-t-il ses adhérents sur la question de l’emploi ?
Au sein du cluster, le recrutement est un sujet important. Dans tous les domaines c’est compliqué, on manque de personnel compétent et de savoir-faire. Aujourd’hui, dans nos TPE et PME, on ne peut pas se permettre d’embaucher seulement sur le savoir être. Nous avons besoin de compétences et nous ne pouvons, à court terme, former des salariés en interne. Nous cherchons donc des solutions pour attirer des personnes vers les métiers du machinisme.
Nous avons participé à des salons avec des écoles spécialisées dans le machinisme agricole et je suis également allé faire des interventions dans des collèges et lycées avec Agrinove, notamment pour présenter les métiers du machinisme agricole. Il faut dire qu’il y a beaucoup de métiers dans notre activité, cela va du magasinage à la soudure, l’usinage, la mécanique, l’hydraulique, la peinture, l’électricité, l’électronique et la robotique, ainsi que les bureaux d’études d’où sort la matière grise et la création de nouveaux produits. Il y a également les métiers courants du tertiaire qui sont le secrétariat, la comptabilité et la logistique, sans oublier le commercial.
Comment imaginez-vous le cluster dans 5 ans ?
J’espère qu’il va progresser, qu’il y aura d’autres adhérents et qu’il y aura des projets plus importants, non plus pour une ou deux entreprises à chaque fois, mais des projets au niveau du cluster. Je pense notamment à des projets de fabrication de matériels agricoles portés par le cluster et réalisés par un groupe d’entreprises adhérentes du cluster.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
J’ai pris ma retraite il y a un an. Je reste consultant pour Kirpy quelques heures par mois, mais je pense qu’il est important que ce soit un chef d’entreprise actif qui devienne président du cluster¹, même si je resterai membre du Cluster. La décision reviendra aux adhérents qui voteront pour le candidat de leur choix, mais j’ai à cœur que le président du cluster de demain ait cet état d’esprit de groupe et d’échange.
¹depuis cet interview, les membres du Cluster machinisme ont élu à la tête de leur association Denis Vicentini, dirigeant de Comin Industrie, conformément au souhait de Joël Gorostidi de passer la main…