Alors qu’Agrinove va bientôt primer ses lauréats 2022, retour sur une lauréate 2021 : un an après avoir été récompensée par le concours Agrinove, l’innovation de Déborah Ducamp n’a pas tardé à se révéler très pertinente, avec un épisode de gel très intense en ce début de printemps.
Pouvez-vous présenter votre start-up Wine Protect et l’innovation qu’elle propose ?
Notre start-up développe un système de lampe antigel pour la vigne. Il existe aujourd’hui deux systèmes, un filaire sur secteur et un solaire muni d’un petit panneau sur chaque cloche. Ce dernier présente l’avantage d’être autonome en énergie, durable et écologique. On le positionne à proximité du bourgeon, au plus près du pied de vigne pour pouvoir le réchauffer et le protéger du gel. Grâce à ses capteurs, la lampe se déclenche automatiquement en période de gel pour diffuser de la chaleur.
Cela fait maintenant 3 ans que le projet Wine Protect existe. J’en suis la présidente et dirigeante, mon frère s’occupe de la partie technique et mon époux du côté viticulture. Nous sommes donc 3 associés, mais chacun a un rôle bien défini dans la start-up.
Comment avez-vous entendu parler du concours Agrinove et qu’est-ce qui vous a poussé à y participer ?
Je suis hébergée dans l’incubateur Start-up Win Bernard Magrez et je suis également accompagnée par Unitec, une technopole bordelaise. La chargée de projets avec laquelle je travaille sur le projet d’innovation Wine Protect connaissait Agrinove et m’a parlé du concours. J’ai trouvé ça chouette car il s’agit d’un concours concret qui donne la parole à des locaux qui créent des innovations et pas d’un énorme évènement, j’ai donc décidé de participer à ce concours d’innovations agricoles.
Est-ce que le concours Innovations pour l’Agriculture vous a aidé dans le développement de votre start-up ?
Oui, premièrement parce que j’ai gagné un prix qui m’a permis de continuer mon projet, il y a donc eu la présence de la presse et aussi la remise des prix qui m’a permis d’échanger avec d’autres personnes sur place. Chaque concours et prix obtenu permet d’avancer sur le projet, de faire de nouvelles rencontres et de créer du lien, c’est donc une expérience très intéressante.
Avez-vous pu tester votre solution lors des épisodes de gel de ce printemps ? Si oui, quels ont été les résultats ?
Oui, on a installé les dispositifs Wine Protect sur des parcelles au château Le Sarte chez Bernard Magrez et au Château de Fieuzal le week-end du 1er avril où il y a eu de grosses gelées.
Nous avons posé nos lampes antigel sur un rang témoin et les résultats ont été positifs puisque nous avons constaté à l’œil nu qu’il n’y avait pas eu de gelée sur les pieds concernés. Nous nous sommes également appuyés sur les relevés de température et d’humidité grâce à un système automatique et effectivement cela a confirmé l’efficacité de notre système puisqu’il a évité la formation de gel au niveau des bourgeons où on avait posé les lampes et où 100% des vignes ont été sauvées.
Quelles sont les prochaines étapes pour Wine Protect et quand pourrons-nous retrouver vos dispositifs sur le marché ?
Nous avons déjà un brevet déposé pour notre solution innovante et nous sommes sur le point d’en finaliser un deuxième ce printemps puisque nous avons approfondi les recherches et les études sur le système.
À l’heure actuelle, nous sommes en train de faire du sourcing fabricant pour concevoir une pré-série avant la fin de l’année. L’objectif est de commercialiser ces premiers dispositifs afin qu’ils soient effectifs au printemps prochain dans les vignes.
Dans un premier temps, nous allons nous focaliser sur la vente directe ce qui nous permet d’avoir une relation privilégiée avec les viticulteurs, de garder du lien pour leur expliquer au plus près le fonctionnement et l’installation des systèmes Wine Protect. Nous allons également mettre en place un système de leasing avec des partenaires, et à long terme peut-être passerons-nous par des distributeurs, surtout pour le développement à l’international de Wine Protect.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Je remercie encore Agrinove, car le concours Innovations pour l‘Agriculture a été un levier pour le projet Wine Protect. J’encourage tout le monde à y participer car on croit souvent qu’on ne peut pas gagner et j’ai moi-même été très surprise d’obtenir ce second prix, mais cela ne coûte rien d’essayer et de se lancer. Il faut toujours tenter, cela permet d’avoir du réseau et avoir un pied dans une autre ville ou région est toujours intéressant.